COMPTEUR

samedi 3 mai 2014




                                           Les frères Gras au Marathon des sables 2014

Merci aux frères Gras de m'avoir accordé l'exclusivité de ce compte rendu magnifique du Marathon des Sables 2014, et n'oubliez oas de rejoindre le meilleur groupe d'Athlé de facebook  LES COUREURS FOUS


 

Le MDS est en effet une course de 240km sur 6 jours et 5 étapes dont une étape longue de 81,5km, le tout en autosuffisance alimentaire et dans des conditions extrêmes : chaleur et parcours très contraignants (dunes, oueds asséchés, jebels,…). Seule l’eau nous est fournie : au départ de chaque étape, à l’arrivée et à tous les check-point (CP) qui divisent les étapes en portions d’une douzaine de kilomètres. En gros le défi, pour nous semi-marathoniens, était d’enchainer dans ces conditions l’équivalent de 6 marathons en 6 jours avec un sac à dos chargé à 8kg. La course s’est avérée plus difficile encore que ce à quoi nous nous attendions et à fortiori ce à quoi nous nous étions préparés… ou pas préparés, car Damien, blessé depuis le début de l’année, n’avait pu assurer que 15 jours de footing avant le grand départ.  Pour Michaël ce fut une préparation modeste à la longue distance en parallèle de la préparation des cross avec 3 ou 4 sorties longues d’1h30 maximum avec sac à dos plus 3 week-ends en autonomie : désert des Bardenas, CO avec les militaires parachutistes du camp de Souges et dune du Pyla.


L’étape longue, de 81,5km, est la plus typique et la plus redoutée du MDS. Cette année elle s’étend de Ba Hallou jusqu’à Rich Merzoug. La première difficulté est l’ascension du jebel El Otfal, une petite montagne de 2km offrant à son sommet une vue panoramique splendide. Puis viennent la passe sablonneuse de El Maharch et les petites gorges montantes de Ras Kemouna. La montée du jebel Mhadid AL Elahau marque la mi-course. La deuxième moitié du parcours commence par 3km de sable en dévers et se poursuit par une longue ligne droite caillouteuse de 20km. Elle débouche dans l’oued très sableux de Bou Khechba que la piste quitte au 76ème km pour rejoindre le bivouac par une plaine de cailloux fins. Le premier départ est donné à 9h. A 12h, nous sommes alignés sur une ligne de départ imaginaire, en plein désert, aux côtés de 48 autres privilégiés pour savourer ce moment exceptionnel avec le pressentiment d’une grande aventure à venir après la mise en bouche des 3 premiers jours. Plus qu’un départ, c’est un véritable envol lorsque ACDC, avec Highway to Hell, nous lance dans cette course démesurée et que les hélicos nous survolent à seulement quelques mètres, le tout rompant magiquement avec le calme du désert. Jusqu’au CP5, marquant le 58ème km, ce fut une vraie partie de plaisir, malgré la souffrance physique, de découvrir la diversité des paysages que nous traversions encouragés par les concurrents de la première vague. Nous commencions à les doubler dès la montée du premier jebel soit 10km après le départ.


 
Mais le 60ème km marqua un tournant aussi bien physiquement que mentalement. Il y avait d’un coup un vrai ras le bol, à la limite de la dépression, au milieu de cette grande ligne droite qui rejoint l’oued Bou Khechba et où les paysages évoluent à une allure d’escargot. Dans ces conditions et après 6h d’effort, la volonté affronte le mental. Parcourir encore 20km avant la délivrance paraît alors inconcevable et la volonté lutte jusqu’aux larmes pour résister à une délivrance plus précoce mais abjecte : l’abandon. Plusieurs kilomètres de marche dans cet état de transe et le soutient des commissaires du CP5 sont nécessaires pour reprendre ses esprits. C’est alors reparti, le corps souffre autant mais la volonté devient infaillible. Michaël allume sa frontale au milieu de l’oued, à 10km de la fin après avoir doublé tous les coureurs de la premières vague. Les 5 derniers kilomètres sont très roulants et il les avale rapidement, à plus de 15km/h, seul, guidé par les lumières bienveillantes du bivouac qui vacillent au loin et ne semblent pas vouloir se rapprocher. Franchissant la ligne en 9ème position il s’écroule et reste immobile de longues minutes en savourant l’exploit. Mais il ne peut plus bouger. Impossible de rejoindre la tente 300m plus loin sans assistance. Damien arrive aux alentours de 22h dans un état similaire. La nuit, faite de courts intervalles de sommeil, est ponctuée par l’arrivée des autres membres de l’équipe à commencer par le coach suivi ensuite par le père.




Mais la fatigue accumulée ne lui permet pas d’accrocher le marocain qui reprend les commandes à mi-course. Après avoir loupé l’entrée de la gorge il perd 2min ce qui lui coûte sa deuxième place à l’entrée des dunes. Il jette alors toute son eau pour s’alléger, au risque de finir en hyperthermie. Mais le sable a raison de ses effort et il franchit la ligne au pied du podium employant ses dernières forces pour agiter le drapeau français. Dans ces conditions le chrono est honorable : 3h22. Il ne reste plus qu’à attendre l’arrivée des français en surveillant le chrono… et c’est l’explosion de joie lorsque les 15min sont écoulées. Une joie partagée avec les autres membres de l’équipe au fur et à mesure de leurs arrivées et notamment Damien qui arrive 1h plus tard avec seulement une compote dans le ventre !



Quelques heures plus tard sous le ciel étoilé, accompagnés par un récital de musiciens de l’opéra de Paris, notre équipe reçoit 3 trophées : Michaël pour sa 8ème place au classement général (1er français), Nathalie Maillet pour sa première place dans la catégorie V2 et le trophée caritatif pour l’association Prim@ que nous avons soutenue tout au long de cette aventure. Une aventure très forte humainement avec de belles rencontres à l’instar de Laurence Klein et de ses conseils avisés, d’Hicham El Guerrouj venu féliciter Michaël à l’arrivée du marathon mais aussi toute l’équipe de l’organisation extrêmement sympathique. Une aventure inoubliable qui nous aura appris énormément dans notre projet de marathon, notamment au niveau de la gestion des efforts longs, de leur récupération, de l’alimentation pendant l’effort, ou encore de la gestion de l’hydratation et de la chaleur.