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samedi 16 octobre 2010

CHAPITRE 28 : LE ROLE D’UN ENTRAINEUR DE COURSE.

CHAPITRE 28 : LE ROLE D’UN ENTRAINEUR DE COURSE.

QUELLE EST LA MOTIVATION D’UN ENTRAINEUR, ANECDOTES.
Le métier d’entraîneur de 1/2 fond et fond, doit être choisi par vocation, il est important d’acquérir de l’expérience sur le terrain, après avoir obtenu les diplômes suite aux différentes formations et examens. Quel est le rôle d’un entraîneur ou "coach", qui peut être en charge d’un club, mais également d’individualités ? quelle est sa motivation, quelles sont ses joies, je vous apporte mon témoignage, après plus de 30 années d’expérience, avec des anecdotes qui me laissent d’excellents souvenirs.
L’entraîneur doit être un meneur d’hommes et de femmes, il doit être un conseiller, mais aussi très souvent un ami, les relations sont souvent profondes, les sentiments peuvent être très forts, les liens que l’on se créer expliquent très souvent la réussite et les belles performances obtenues par les coureurs. C’est un travail d’équipe, les esprits se rencontrent, il y a une osmose, une volonté commune, et des transmissions de pensées, ainsi que des sentiments de profonde amitié, tout ceci explique les résultats obtenus par le sérieux et le talent des coureurs, qui s’investissent pour progresser jusqu’à atteindre leur potentiel optimum, leur "nirvana".
Après 40 ans de carrière d’entraîneur, débutée en 1968, il m’est facile de témoigner et de vous livrer quelques anecdotes liées à ma fonction de coach, afin d’exprimer les sentiments et motivations qui m’ont animé et m’animent encore aujourd’hui. Il faut dire que ce sont bien les nombreuses et immenses satisfactions qui sont mon moteur, je retire énormément de plaisir, non seulement lors des compétitions, mais aussi lors des stages que j’organise depuis de nombreuses années, et surtout au quotidien, lors des séances d’entraînement, que ce soit en groupes ou en particulier, car il est évident que le partage d’une sortie ou d’une séance, avec un coureur ou une coureuse, m’a toujours procuré énormément de plaisir. C’est ainsi que j’ai rencontré Yvette, qui partage ma vie depuis bientôt 40 ans, sur le stade, puis en stage à Saint Gilles croix de vie, nous nous sommes mariés en décembre 1969, et nous avons eu 3 enfants.
Mes rencontres ont été nombreuses, elles se sont traduites par des aventures, des amitiés, l’entraîneur est aussi un confident, en ce qui me concerne, j’ai toujours développé des liens solides avec les coureurs dont j’avais la charge, c’est ainsi que l’on peut motiver et pousser les athlètes à se surpasser et atteindre leurs limites, il n’y a jamais de hasard, il y a avant tout la confiance réciproque, mais aussi le travail technique, la méthode d’entraînement, la préparation psychologique de chaque objectif, l’accompagnement jusqu’au jour J et la conviction que ce qui doit arriver, va arriver. On se fixe des objectifs, et on se persuade qu’ils seront atteints, ensuite les coureurs font de leur mieux, ce sont eux qui oeuvrent, avec leur mental et avec ce qu’ils ont acquit durant des semaines, des mois et des années.
Une première anecdote concerne les soirs d’entraînement du club que j’ai créé en 1992, c’était il y a quelques années, lorsque nous avions dépassé les 110 licenciés, je me suis retrouvé souvent avec 50 à 65 coureurs devant moi, sur la piste, avec mes 3 chronomètres, et il me fallait voir tout le monde, ce n’était pas un travail de tout repos, assez stressant, même s’il y avait plusieurs groupes, sur un créneau de 2 heures, j’avais souvent 20 à 25 coureurs pour une même séance, chacun à son niveau, mais tout le monde n’avait pas le même programme, les marathoniens, ceux qui préparaient les courses plus courtes sur piste, et les jeunes sprinters dont il fallait bien s’occuper plus particulièrement, autant vous dire, que j’ai passé des soirées "galères", très difficiles à gérer, mais j’ai tenu bon, aujourd’hui cela va beaucoup mieux, les temps ont changé, certains s’entraînent le midi, ce qui fait une vingtaine de coureurs de moins pour le soir, d’autres habitent loin et ne viennent que rarement, d’autres s’entraînent ailleurs, et surtout les horaires sont devenus très élastiques, c’est devenu bien plus facile à gérer, et puis il y a INTERNET et le suivi personnalisé. Je dois aussi entretenir ma mémoire, afin de retenir les chronos réalisés par chacun, je visualise et j’arrive à retranscrire les résultats le soir même, car je conserve tout aussi bien dans mon cerveau, qu’en archives, ce qui me permet d’analyser à tout moment, les progrès de chacun, c’est indispensable pour définir les objectifs avec précision.
Ma 2ème anecdote concerne Pierre LEVISSE, un soir de pluie, la séance était 15 x 200 mètres, il tombait des cordes, nous étions tous les 2 en footing d’échauffement, les conditions étaient dantesques, Pierre ne semblait pas trop motivé pour effectuer la séance, mais j’étais avec lui, et j’allais la faire avec lui, pour lui, alors nous nous sommes mis en tenue et nous sommes partis pour cette séance bien particulière, pas un chat autour de nous, comme 2 forcenés, à enchaîner nos 200 mètres à 24 km/heure pour terminer en 27", comme s’il faisait beau, la motivation était au rendez vous, il suffisait d’être 2 et de ne pas réfléchir, Pierre n’aurait jamais fait sa séance ce soir là, si je ne l’avais pas partagée avec lui, et du partage il y en a eu, durant plusieurs années, nos souvenirs sont vraiment très nombreux, et ce sont de magnifiques souvenirs...
LES TRANSMISSIONS DE PENSEES.
Il m’est arrivé de ne pouvoir être présent lors d’un grand rendez vous, mais de me concentrer sur le moment de la course se déroulant à des centaines de kilomètres de moi, et chose très curieuse, cela s’est passé exactement comme je l’avais ressenti au même instant. Pour Raymond PANNIER, c’était à l’occasion du meeting de Saint Denis, un 3000 m steeple international, j’étais en vacances aux Baléares, mais je me suis connecté au moment précis du départ de sa course, j’ai commenté ce 3000 m steeple à Yvette, mon épouse, du début à la fin, comme je le sentais, le visualisant lors du dernier 400 mètres, là où je savais que s’il était encore là pour la victoire, il n’y avait plus de soucis, il allait gagner. J’ai vu intérieurement, le moment précis de son atttaque victorieuse, à 200 mètres de l’arrivée, je l’ai vu prendre une avance confortable sur la dernière rivière, j’ai ressenti une grande joie durant sa dernière ligne droite, je savais qu’il avait gagné en moins de 8’20". Mon fils Pascal était sur place à Saint Denis, il était convenu qu’il m’appelle dès que possible, et moins d’une heure plus tard, j’étais informé de la victoire de Raymond, exactement de la manière vécue par ma pensée
C’est un phénomène étrange mais c’est un fait qui s’était déjà produit avec Pierre LEVISSE, lors d’un 10000 mètres à Stockholm, j’avais persuadé Pierre qu’il allait pulvériser son record personnel qui était de 28’30" et qu’il réaliserait moins de 28 minutes, mon chiffre était 27’59", et bien Pierre a couru ce soir là en 27’58"2 , nouveau record de France, j’étais également branché sur des ondes magiques, avec ma conviction et toute ma force mentale, j’ai sû le lendemain en achetant l’ EQUIPE que c’était bien réel.
Le 3ème exemple concerne Pascal, mon fils aîné, qui courait sa finale de championnat de FRANCE sur 1500 m steeple cadet, j’étais en stage avec Raymond PANNIER, mais j’étais convaincu que Pascal allait améliorer son record et surtout faire une grande course. Il a bien battu son record dans cette finale, en 4’22" , malheureusement il n’a pas gagné, malgré le fait d’avoir démarré à la cloche et entrevu la victoire à 300 mètres de l’arrivée avec une bonne vingtaine de mètres d’avance, mais à 3 obstacles de l’arrivée, Pascal piétine et perd son rythme, il est dépassé avant la rivière, qu’il passe très mal, avec son style particulier, sans appui sur la barrière, les forces lui manquaient et à l’entrée de la ligne droite, la 2ème puis la 3ème place lui échappe, il sera 4ème, c’est bien mais nous espérions mieux, c’était tout de même son meilleur 1500 m steeple , son frère Didier ne fera pas mieux avec 4’25", 7 ans plus tard.
COMMENT JE CONCOIS MON ROLE D’ENTRAINEUR.
Certains coureurs pensent qu’un entraîneur n’est pas utile, qu’ils n’ont pas besoin de conseils, encore moins d’être dirigés, ils pensent en savoir suffisamment pour s’entraîner à leur convenance, c’est leur avis, ce sont des coureurs qui veulent leur autonomie, leur indépendance, un entraîneur ne peut pas imposer, il propose ses services, à chacun de savoir ce qui va lui convenir le mieux.
De toute évidence, de nombreux coureurs ont besoin du soutien d’un entraîneur, ils sont demandeurs de conseils et surtout de programmes de préparation adapté à leurs capacités, leur motivations et leurs objectifs. C’est dans cet esprit que j’entraîne depuis des années, je m’implique à fond dans la réussite individuelle de chacun, l’objectif commun est de permettre une progression régulière, avec des records personnels à la clé, car c’est bien ce qui motive et fait avancer toujours plus haut.
Il faut dialoguer, proposer, motiver, expliquer, conseiller en permanence, chaque athlète, afin qu’il puisse croire en ses moyens, développer son capital confiance qui doit augmenter au fil des mois, c’est à ce prix que les résultats suivent et viennent récompenser tous nos efforts, l’entraîneur participe activement à cette progression à cette transformation qui se fait petit à petit, il faut enclencher la spirale de la réussite, être positif, résolument optimiste, et chasser tout ce qui peut être négatif.
Il est important d’être très présent sur le terrain, lors des compétitions, les encouragements avant et pendant les compétitions peuvent galvaniser les esprits qui deviennent conquérants, avec l’objectif bien en tête, ce qui est prévu doit en principe se réaliser, car un coureur n’accepte pas facilement une désillusion, une contre performance, qui lorsque cela arrive, doit trouver une explication rationnelle, en analysant les faits et sans chercher d’excuses qui n’en sont pas. Il faut rester objectif, lucide, mais positif, c’est toujours l’avenir qui compte, l’instant présent est déjà passé, il fait partie du passé, il faut regarder vers l’avenir. Une défaite, un faux pas doit servir de tremplin, il faut rebondir, le plus vite est le mieux, il y a toujours des hauts et des bas, des cycles, des bonnes et moins bonnes périodes, il faut savoir l’admettre, et attendre des jours meilleurs, plus favorables, en se remettant au travail, ou parfois en se remettant en question, car les mêmes causes produisent souvent les mêmes effets, il faut évoluer sans cesse. Qui n’avance pas, recule...
Je n’ai jamais rien demandé, j’ai donné dans un premier temps, sans arrière pensée, sans restriction, un entraîneur ne doit pas attendre de reconnaissance, il ne cherche pas la gloire, il fait simplement son job, avec sérieux et détermination, les seules récompenses sont les sourires, les joies, les résultats des coureurs , chaque victoire, chaque record personnel amélioré me procure un grand plaisir, et des satisfactions, j’en ai eu des milliers, depuis mes débuts d’entraîneur.
Certains me croient aigri, démoralisé, ils disent que je suis dépassé, que je fais partie de la vieille école, que je dois tourner la page, laisser la place, et bien je peux leur certifier que c’est loin , mais vraiment à des années lumière, d’être le cas, je ne baisse pas les bras, bien au contraire, j’ai encore des choses à faire, même si mon entourage me dit que je n’ai plus rien à prouver. Bien entendu que je vais arrêter un jour, peut être bientôt, dans un an, 2 ou 3, personne ne peut savoir, quand, mais tout est possible, tout peut s’arrêter brusquement, dès demain, personne n’est éternel, les âmes peut être, mais pas nos corps. On peut croire ce que l’on veut, mais il faut avant tout croire en soi.

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